Dans cette (longue) page, nous allons détailler des pièces vestimentaires utilisées jadis dans nos pays. Ce sont des vêtements « de tous les jours ». Nous commencerons par la tête pour aller jusqu’aux pieds !
CASQUETTE
Les hommes portaient la casquette wallonne. Elle était souvent de couleur noire … c’était moins salissant et on pouvait la teindre facilement.
Il semblerait que les hommes portaient aussi un bonnet de laine de forme pointue, un peu comme un bonnet de nuit. Ce devait être plus chaud l’hiver quand il faut travailler au bois sous la neige.
COIFFE ( n f )
Jusqu’en 1870-1880, les femmes portent la coiffe ronde. En principe, aucun cheveu ne devait en dépasser … ça faisait « femme de mauvaise vie ». Elle se fixe sous les cheveux par un galon. Elle est bordée d’une dentelle très légère.
La coiffe disparaîtra progressivement dans les Ardennes à partir de cette période. On peut dire que ce type de coiffe a totalement disparu après la guerre de 1914-1918. Ensuite, les femmes portent les cheveux nus, sauf pour aller à l’église (messe, mariages, enterrements, …) où elles DOIVENT être couvertes. Apparaît donc le chapeau ! Pour le deuil, on verra même porter des voilettes noires qui cachent le visage.
MOUCHOIR DE COU HOMME
C’est un simple « mouchoir bleu » ou un foulard triangulaire noir en coton plié plusieurs fois sur lui-même qui sert de tour de cou. Il protège du froid en hiver et absorbe la sueur en été.
MOUCHOIR DE COU FEMME
Il est fait d’un coton noir plus fin que celui des hommes. Il est aussi bordé d’une dentelle noire qui le rend un peu moins sévère, un peu plus « coquet ». Il disparaît en même temps que la coiffe. Très certainement avec la modification du caraco qui devient « chemisier » fermé ras du cou.
CHALE ( n m )
C’est » l’habit de dessus » en hiver pour les femmes. Il est fabriqué au crochet par les femmes âgées ou coupé dans des pièces de drap. Il est facile à mettre et à enlever pour sortir et entrer souvent. Pour les tâches qui exigent les mains libres, il est noué dans le dos ou fixé avec une épingle ou une broche.
Certaines grand-mères étaient de véritables artistes au crochet. Elles réalisaient, en laine ou en coton, les châles des femmes et des filles mais aussi les napperons que les uns et les autres ont pu retrouver dans les maisons et greniers familiaux après le décès des anciens. Les travaux d’aiguilles se perdent ; pourtant ils avaient une valeur que n’auront jamais les produits manufacturés : l’unicité de l’OEUVRE D’ART !
CHEMISE A « PAGNOT »
C’est la chemise d’homme par excellence. Elle sert à tout : chemise de jour, culotte (pas de slip, à l’époque !) et chemise de nuit ! Elle a un « pagnot » (certains écrivent « paniau »), c’est à dire un pan arrière plus long que le pan avant. Le « pagnot » descend à une main, une main et demi du pli du genou, se tire à l’entre-jambes pour « emballer » le bas-ventre en recouvrement du pan avant. Initiales
Ce « pagnot » portait les initiales brodées en rouge du propriétaire de la chemise.
Histoire « chaude » : Pourquoi le pan arrière de la chemise à « pagnot » est-il plus long que celui de devant ?
Réponse ardennaise : « Pas’qu’y fallo puc’ ed’ torchon pou’ emballèye deux jambons qu’un saucisson. » (Traduction : « Parce qu’il faut plus de linge pour emballer deux jambons qu’un saucisson. »)
GILET
On retrouve cet attribut masculin dans beaucoup de régions. Il était porté, plus ou moins élaboré, plus ou moins brodé, sur le dos de toutes les classes sociales. Son utilité ? Certainement garder la chaleur humaine au niveau du thorax. On y rangeait, accrochée à une chaîne, la montre de gousset, la montre-oignon.
CAMISOLE ( n f )
La camisole est une chemise « de dessous », un « vêtement de peau ». C’est la chemise de coton fin que la femme porte à même la peau (on ne porte que rarement un maintien-gorge – seulement en fin de 19ème !). Elle est souvent pourvue d’une ouverture boutonnée sur le devant.
La camisole peut être simple ou décorée de broderies blanches ou de couleur, de festons.
CHEMISE DE JOUR
Elle est soit en coton fin ou épais, soit en lainage. Elle se met, suivant la saison, en un ou plusieurs exemplaires sur la camisole pour protéger du froid. Elle peut avoir des bras ou des bretelles.
CHEMISE DE NUIT
Chemise à manches longues ou courtes, en lin ou en coton, elle vêt les femmes la nuit. Les hommes portaient aussi des chemises de nuit (souvent en lin !) ou des chemises à pagnot.
CARACO ( n m )
C’est l’équivalent du chemisier. Il est assez ample, de tissu coloré. C’est le vêtement « de dessus » de la femme. Entre le caraco et la camisole, une ou plusieurs camisoles chaudes peuvent prendre place en hiver car, s’il ne fait pas chaud dehors, les maisons ne sont pas à la température que nous connaissons de nos jours et il faut se protéger !
Comme la camisole, il est boutonné sur le devant. Cela permettait à la femme de nourrir plus facilement son bébé au sein, ce qui était la pratique la plus répandue d’allaitement.
VESTE
Les hommes portaient une veste de drap assez courte, droite, avec des poches plaquées. Cette veste constituait un vêtement chaud que l’on portait surtout à la mauvaise saison.
PELERINE
Immense cape de drap lourd, elle protégeait l’homme comme la femme à la mauvaise saison contre les méfaits de la pluie, du vent et de la neige. Elle devait rendre fantômatique la silhouette des gens qui sortaient ainsi habillés la nuit, une lanterne à la main.
CEINTURE DE FLANELLE
Elle est portée exclusivement par les hommes. C’est un « vêtement » de travail. Elle se porte autour de la taille, bien serrée, elle tient les « reins » au chaud. En fait, elle a deux actions combinées : le maintien de la colonne lombaire lors des travaux difficiles aux champs ou aux bois et la conservation de la chaleur au niveau des muscles du dos. L’homme met la ceinture de flanelle sur la ceinture de pantalon le matin avant de partir travailler et l’enlève le soir en rentrant pour le souper. Les travaux qu’il accomplira en veillée ne la nécessitent pas.
DEVANTIER ( n m )
C’est le tablier des femmes. Il ne protège que la cotte (voir ci-dessous), pas le buste. C’est un simple panneau de tissu serré par deux rubans noués dans le dos. Quand la famille avait un peu « d’aise », le devantier s’ornait d’un ou plusieurs rangs de replis. Les familles les plus modestes n’utilisaient de tissu que ce qui était nécessaire à l’utilité et à « la bonne tenue » sociale.
COTTE ( n f )
Maintenant, on dit une jupe longue. La cotte est constituée d’une pièce rectangulaire de tissu, cousue en forme de tube cylindrique qui descend jusqu’au niveau de la cheville. On ne doit pas voir le mollet ! La ceinture est munie de deux coulisses qu’il suffit de tirer pour les serrer et les nouer sur le ventre d’un « flot » (noeud en boucles) plus ou moins long.
La cotte est la même pour la femme jeune (encore mince), la femme enceinte et la femme mûre (ayant très souvent eu de nombreux enfants) un peu plus enveloppée. La différence, c’est le serrage !
TABLIER
Les filles impubères portent des tabliers très souvent fermés dans le dos. Ce sont des habits mi-longs. Il est admis que l’on voie le mollet des petites filles mais pas celui des femmes ou des jeunes filles ! Ces tabliers sont souvent de couleurs plus vives que celles portées par les adultes.
CULOTTE DE VELOURS
Les hommes portent un pantalon de gros velours pour aller au travail. Ce vêtement est solide pour les travaux des champs et de la forêt, il est chaud pour l’hiver et il dure longtemps.
Cette culotte est ouverte sur le devant par une braguette (la brâyette) à boutons. Une paire de solides bretelles la tient fermement et une ceinture de cuir vient souvent compléter la tenue. Dans ce cas-là, la ceinture vient se serrer par-dessus la ceinture de flanelle !
Si la famille a « un peu d’aise », un homme peut posséder une culotte de velours plus fin mais elle servira d’abord pour les dimanches, les fêtes et les cérémonies.
JUPON
Chaque femme possède plusieurs jupons. Elle en utilise un aux beaux jours et les autres viennent en hiver ajouter à la conservation de la chaleur sous la cotte.
Le jupon principal est en coton blanc, il est souvent brodé et orné de dentelles en plus ou moins grand nombre, suivant l’aisance de la famille. Les jupons du dessous sont simples. Ils ne doivent répondre qu’à une nécessité de conservation calorique !
En été, quand il fait très chaud, il n’était pas rare qu’une femme, quand elle travaillait avec sa famille dans les champs (donc hors des vues étrangères) se mette en jupon et en camisole pour « économiser » la cotte et le caraco.
CULOTTE FENDUE
Les femmes portent la culotte fendue. Il s’agit de deux jambes de tissu descendant jusqu’aux genoux cousues sur une ceinture mais non reliées à l’entre-jambes. Elle permettait aux femmes d’uriner en position debout ! La contrepartie, « c’éto l’froyon qu’y fallo traitèye en s’frottant les cuisses aveu un bon bout d’lard gras. » (Traduction : « C’était l’irritation du haut des cuisses qu’il fallait soigner en frottant avec une tranche de lard gras.)
BAS – MI-BAS – CHAUSSONS DE SABOTS
Le plus souvent, ils étaient tricotés à la maison par les grand-mères avec du coton ou de la laine. Une paire de bas coûtait cher. Alors, il fallait les ménager, les ravauder (les réparer) et retricoter les parties plus fragiles (pointes et talons en particulier) régulièrement. Il était fréquent que les enfants (et même les adultes ne portent pas de bas en été ! Les hommes comme les femmes portaient des mi-bas serrés en haut du mollet ou juste au-dessus du genou.
Pour avoir plus chaud aux pieds et protéger les bas, on mettait des chaussons à l’intérieur des sabots.
GANTS – MITAINES
Eux aussi sont l’oeuvre des aïeules. Ils sont tricotés en laine ou en coton suivant leurs destinations. Pour tricoter les doigts, il faut cinq aiguilles ! C’est de l’art ! Il faut avoir vu une grand-mère accomplir cette tâche pour en juger. Dans les années 1960, la grand-mère paternelle de René tricotait encore pulls, gants, chaussettes pour ses petits-enfants !
SABOTS
Les sabots de bois sont fabriqués au village ou au bourg. Le sabotier, comme le maréchal-ferrant, a du « pain sur la planche ». On les porte été comme hiver, à l’intérieur comme à l’extérieur. Au mieux les cuisines sont dallées, au pire, elles sont en terre battue.
Pour les rendre plus « confortables », on glisse un chausson dans le sabot, ou de la paille ou, l’hiver, une poignée de foin pour garder la chaleur ! Les pieds des gens sont très durs et calleux.
Les enfants, malgré les interdictions des parents jouent avec leurs sabots : ils les lancent ou frappent les pierres du pied mais gare à qui fendra son sabot !
SOULIERS
Ils sont rares en campagne jusqu’à la fin du 19ème siècle car le cuir et la façon coûtent cher ! Et puis, que voulez-vous en faire aux champs ou aux bois ? Les jeunes filles rêvent pourtant de porter de ces bottines dont le colporteur leur a dit qu’elles rendent si fines les chevilles des dames de la ville ! Surtout quand elles dansent le Quadrille des Lanciers d’Olivier Métra !
BRODEQUINS
Ce sont de fortes chaussures montantes que l’on utilise surtout dans les bois surmontées de guêtres. Ils évitent les piqûres de vipères, les blessures en passant dans les ronces, limitent les risques pour les pieds et surtout permettent de marcher longtemps sans trop se fatiguer et sans avoir autant mal aux pieds. Mais il faut en prendre soin !